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Entrepreneur d’Ici
La Ferme Sanborn a 100 ans et cultive ses souvenirs
Lily Gaudreault, collaboratrice
Petit matin pluvieux sur le che- souvenirs et ne sont plus des réalise totalement dans l’agricul-
min Sanborn à la limite de la ville réalités. Ils constatent l’impact du ture et ne songe pas un instant à
de Bromont. Un camion-citerne, déboisement et du développe- vivre autrement, ni ailleurs. Quant
lourd de son chargement de lait, ment survenus ces dernières à eux, Eric et Beverley Sanborn
sort péniblement d’une petite années : les animaux sauvages sont de ces personnes qui se sont
allée fleurie. C’est l’entrée de la quittent les montagnes pour trouvées : comme s’ils étaient en
Ferme Sanborn, illustre ferme rejoindre les prairies, des lumiè- quelque sorte destinés l’un à
d’élevage d’un troupeau de 65 res puissantes éclairent les soi- l’autre. Beverley a quitté Pidgeon
vaches Guernsey, une race tout rées autrefois si paisibles. Hill pour Iron Hill : la fille de Loyd
à fait exceptionnelle pour la a marié le fils de Floyd ! Encore là,
qualité et la richesse de son lait. Un présent semblable au passé c’est une belle histoire : ils sont
Si les Sanborn ont développé mariés depuis quarante ans et ne
Cent ans d’évolution l’agriculture et l’élevage, ils ont changeraient rien de rien à la vie
Voici une précieuse entreprise à aussi cultivé la solidarité familiale qu’ils mènent ensemble. Ils ont
célébrer et à protéger sur un ainsi que l’amour de la terre et de toujours travaillé conjointement
territoire souvent caractérisé par leur milieu. Les corvées dans les à cette ferme et connaissent ce
la technologie et le sport. Cette fermes avoisinantes ont toujours qu’est la conciliation travail-
ferme pionnière de 43 acres été monnaie courante : le foin, les famille : tout s’entremêle et cha-
souligne cette année sa centiè- De gauche à droite : Danny, Beverley et Eric Sanborn devant la maison sucres, les foires ont bien souvent cun met la main à la pâte. Fiers
me saison. Eric Sanborn y est né ancestrale de la Ferme Sanborn. mobilisé leur entourage. La stabi- parents de Danny et Erika, ils ont
et c’est son arrière-grand-père lité et la fiabilité de la famille ins- maintenant deux petites-filles :
John W. Tibbits, originaire des Plus encore qu’une entreprise tion performante et l’expansion pirent le respect et l’estime dans Elly May et Presley Elizabeth. Si
États-Unis, qui l’a achetée le 5 familiale, cette ferme est un nid de leurs activités ont été très la communauté. À certains égards, l’on demande à Eric de citer son
août 1919. Arriver sur ce terrain, pour la famille ainsi qu’un lieu positives. Ils exploitent ou entre- le passé ressemble beaucoup au meilleur souvenir, il répond sans
c’est un peu comme ouvrir un d’apprentissage et de transmis- tiennent maintenant jusqu’à 100 présent : même maison chaleu- hésitation : « Le jour où j’ai amené
livre de contes et merveilles : il sion de l’histoire régionale. C’est acres. Mais pour eux, certains reuse, même ardeur au travail et, Beverley vivre ici sur notre ferme. »
y a cette maison de bardeaux un tout indissociable : une ques- changements ont été moins surtout, une gratitude et une fier- Un témoignage qui réjouit non
blancs un peu délavés, sa galerie tion d’identité. Par le passé, les heureux. Le développement té immenses devant le bonheur seulement le cœur et les joues
ombragée et ses meubles de Sanborn ont reçu de nom- urbain accéléré de Bromont a qui s’est construit. La ferme est de madame, mais aussi leur fils
rotin. Un potager qui va comme breuses distinctions aux diverses peut-être marqué le décalage pour ainsi dire ce qui définit le Danny, en constante attention.
il pousse près des géraniums, foires agricoles de l’Estrie ainsi entre la vie des agriculteurs et les microcosme Sanborn : leur cultu- Ce dernier travaille à la ferme
d’une fontaine et d’un ancien qu’à Toronto et Ottawa. Eric s’est nouveaux venus ? On sait que le re, leurs origines et leur présent. depuis qu’il sait marcher. Il a suivi
verger. Un tamia rayé qui se toujours engagé dans les asso- travail agricole et l’éloignement diverses formations, mais c’est
faufile dans les pattes des chats ciations d’éleveurs : à l’âge de normal entre les villages et les L’avenir ? On y pense, mais pas l’agriculture qui le passionne et il
et d’une mangeoire à l’autre. Un seize ans, il est devenu directeur fermes facilitent peu la vie socia- trop. Après tout, c’est la ferme est fermement résolu à persé-
petit enclos où s’agitent deux de la Guernsey Breeders Associa- le et les loisirs. Les agriculteurs qui a cent ans et ses résidants vérer — du moins tant qu’il fera
jeunes veaux tout fringants : ils tion of Quebec (Association d’éle- ont donc vécu un certain repli. sont encore dynamiques. On équipe avec ses parents !
espèrent voir arriver l’une des veurs de race Guernsey). Au fil Comme anglophones, par ail- connaît bien la difficulté de trou-
petites-filles d’Eric Sanborn et des ans, les Sanborn ont été leurs, ils ont été peinés de perdre ver de la relève dans le monde On dit que le bonheur est dans le
Beverley Martin qui adore leur témoins de nombreux change- certains toponymes : West- agricole : les fermes coûtent cher pré ! La famille Sanborn le pense
porter des carottes. ments dans leur milieu : de bons Shefford, Bromewood, Brome et la main-d’œuvre est si rare. — et quatre générations de
et de moins bons. La mécanisa- Pond sont rangés parmi les Pour l’heure, Danny Sanborn se Sanborn l’ont prouvé !
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octobre • novembre 2020 7