Page 7 - ici Maintenant Avril 2020

Société d’Ici

Survivre à l’aide médicale à mourir

Renée Buenocore, collaboratrice
Il était fort et très peu plaignant de nature. Quand il leur. Pourtant, les préposés viennent le changer de
a pris sa décision, ce fut donc pour moi un choc. position plusieurs fois par jour… pour assurer son
Son choix fut rapide et sans équivoque dès que la confort. Ce n’est pas un peu contradictoire, ça ! Enfin,
médecine eut épuisé toutes ses options. Il voulait pour moi, ç’a été une expérience difficile et le souve-
partir et le plus tôt était le mieux. Deux voies lui nir de mon père que j’admirais beaucoup est souvent
furent alors proposées : la sédation palliative ou l’aide hanté par cet évènement.
médicale à mourir. Dans le premier cas, une puissante
sédation est administrée au patient afin de diminuer Dix-huit mois plus tard, le frère de ma mère (un cancer
son niveau de conscience jusqu’à ce qu’il décède des de la prostate, lui aussi) a choisi la deuxième option.
suites de sa maladie. Dans le deuxième cas, on lui Pour lui, l’attente de 10 jours fut très longue. Il avait
donne un médicament qui provoque la mort après également hâte de partir après des années de combat
une période de réflexion de 10 jours au cours de contre la maladie. Pour moi, ce fut moins difficile. J’ai
laquelle le patient peut encore changer d’idée. Mon pu réfléchir à ce que je voulais lui dire et lui parler l’issue. Qui peut dire comment on réagira face à la
père a choisi la première option. quelques fois durant cette période. Par contre, le maladie, face à la mort ? Mon père, lui, a agi comme

moment de l’injection finale est très difficile à suppor- il l’avait fait toute sa vie : avec conviction, sans hési-
La procédure administrative commence immédiate- ter émotivement. C’est très triste de voir un proche tation. L’être humain a une grande capacité d’adap-
ment après la prise de décision et la sédation est vouloir en finir avec la vie. Mon seul réconfort était de tation, c’est vrai. Mais, lui, il n’était pas juste fort
administrée dans les heures qui suivent. On se sent me dire que c’était ce qu’il voulait dans les circons- physiquement. Même devant la mort, il est demeuré
bousculé. Il faut se recueillir et faire nos adieux dans tances. rationnel et il a pris, comme il l’avait toujours fait, son
un délai très court, car une fois la sédation adminis- destin en main.
trée, bien qu’il soit encore en vie, on ne peut plus La décision de mon père d’avoir recours à l’aide médi-
communiquer avec lui. Mon père était fort, ç’a donc cale (la sédation) a été très dure à accepter. Je ne Peu de temps avant sa sédation, mon père m’a dit :

pris 10 jours avant qu’il s’éteigne. Dix longues jour- comprenais pas. Et comment le pourrait-on ? C’est « Allez ! Va t’occuper de ton jardin (une des passions
nées d’anxiété où je me posais toutes sortes de ques- comme si la personne décidait de nous quitter. J’avais que nous avons partagée).
tions : souffre-t-il ? regrette-t-il ? À un certain moment, une immense peine et un grand sentiment d’impuis-
il s’est comme réveillé. Il a levé le bras et a essayé de sance devant la situation. Alors, à la vie ! Si précieuse et si fragile.
parler. Le personnel soignant a réajusté à la hausse le
dosage du sédatif. Nous, les proches, avons pensé Que j’aie trouvé la deuxième option plus facile à vivre P.S. Cet article ne se veut en aucun cas une critique du
qu’il était en souffrance. Que voulait-il nous dire ? Le ne change rien au fait que cette décision n’appartient système médical. Je ne fais que relater l’expérience
personnel soignant a dû travailler très fort pour tenter qu’à la personne concernée et qu’il n’est aucunement que j’ai vécue. Les membres du personnel des soins

de nous rassurer, mais sans succès, jusqu’à la fin. On question de tenter d’influencer son choix. Si jamais, palliatifs qui se sont occupés de mon père et de mon
nous dit que le niveau de sédation est suffisamment un jour, j’ai à prendre cette décision pour moi-même, oncle ont été très attentionnés et je leur en suis gran-
puissant pour que le patient ne ressente aucune dou- je ne pense pas que je puisse, aujourd’hui, en prévoir dement reconnaissante.

Croissant

DE LA GAREAREDE LA G
DE LA G

WA T E R L O O

APPARTEMENTS
4 4 / / / / /
1 1 1

4 222

PRÈS DE 1000 p pPRÈS DE 1000 p 2 2

OCCUPATIONTIONAATIONTIONTIONAATIONTION
OCCUP
OCCUP
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IMMÉDIATETEMMÉDIATE
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300 rue Irving-Slack, Waterloo- aSl-
oo
300 rue Irving ck, Wa t erloo
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