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Presque

Rebecca Kresta

En janvier de cette année, j’ai fait mes valises et je suis partie travailler pour Médecins
sans Frontières (MSF) à Leer au Sud-Soudan. Le Sud-Soudan est le plus jeune pays du
monde. Il a gagné son indépendance du Soudan en 2011. En 2013, le jeune pays été
plongé dans une guerre civile jusqu’en 2018. Le pays est maintenant plus stable, mais
la malnutrition, les maladies et des inondations font partie du quotidien. Je suis
ingénieure de formation et, ici, je travaille comme logisticienne, responsable de toutes
les choses nécessaires pour faire fonctionner un hôpital : l’eau, l’électricité, la sécurité, les
voitures, la construction, l’informatique, les avions… et la liste continue. J’adore mon
travail, chaque jour est différent et chaque jour est plein de défis. En fin de semaine,
j’en profite pour me détendre. J’ai écrit cette histoire après une partie de soccer.

C’est dimanche après-midi dans le parc je peux presque oublier qu’au lieu que
municipal. Le soleil se couche sur un ce soit les entreprises qui commandi-
jeune groupe de musiciens qui chan- tent les maillots, c’est l’USAID (agence
tent et dansent devant une foule des États-Unis pour le développement
grandissante. Il y a un groupe de international) et que le slogan est « le L’un d’eux me passe une boule de ville. Une petite fille avec un grand
joueurs de football qui se demandent sport pour la paix ». gomme, du genre qui commence très sourire marche à côté de moi, curieuse
combien de temps durera le concert sucrée et poudrée, puis passe progressi- de cette femme à la peau blanche qui
afin qu’ils puissent récupérer le terrain Le jeu commence et c’est seulement le vement à la texture parfaite pendant joue au football. En traversant le pont
pour leur match hebdomadaire. C’est rythme simple du jeu le plus préféré environ deux minutes pour se terminer terrestre, je profite de l’herbe qui se
une scène paisible de communauté au monde : passe, tir, lancé, frustration en une boule amère qui est juste un peu répand et des cigognes qui pêchent
et, autour du périmètre, vous pouvez envers l’arbitre. Il y a les cris de la foule trop dure. Mais je l’apprécie parce que dans la rivière. Je vois quelques adoles-
presque ignorer les voitures volées, à la suite d’un tir manqué. Je cours sur c’est un cadeau et un geste d’accep- centes porter des jupes que leurs mères
abandonnées ou brulées pendant la l’aile gauche, parviens à garder le ballon tation, tout autant que de me laisser n’approuvent certainement pas entière-
crise de 2016. et à le faire avancer, profitant du jouer. Je souris au soleil couchant. Je ment. Et je peux presque oublier la forte
moment loin du travail. La musique du suis presque capable de prétendre que prévalence de la violence sexiste dans
Le capitaine négocie avec les autorités. concert flotte sur le terrain et je peux la personne qui contrôle les foules et cette communauté.
Ces dernières mettent la foule à l’écart presque voir au-delà des maisons cou- qui passe avec une branche de palmier
pour que le terrain soit dégagé et que le vertes de bâches en plastique. est beaucoup plus agressive pour frap- Presque.
concert puisse continuer. Je me joins à per le sol devant les enfants que je suis
l’équipe, enfile un maillot jaune qui n’a À la mi-temps, je décide d’échanger et à l’aise.
pas été lavé depuis le match d’hier et de laisser quelqu’un d’autre essayer. Je Tous les commentaires et opinions dans
j’entends l’appel nominal des joueurs et m’accroupis à côté du terrain entouré Je rentre chez moi, mes chaussures cet article sont seulement mon expé-
des positions. Accroupie sur le sol avec d’enfants et de certains membres de toujours aux pieds, appréciant les rience et ne sont pas représentatifs de la
la stratégie de conversation de l’équipe, l’équipe qui attendent de continuer. salutations criées, la familiarité de la perspective de MSF.

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Ici Maintenant août/septembre 2022