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Pas encore le défi 28 jours?
Renée Buonocore, collaboratrice
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Le 2 février dernier, en revenant de des jours, le petit drink qui permet de Jour 21 : Ah non ! C’est mon 4 jour de
« Montréal, la pestiférée », je tombe sur une célébrer une belle journée me manque un sport intense (fatbike ou ski de fond).
entrevue radiophonique qui parlait du défi peu, genre une journée hors du commun Habituellement après 3 jours je sens vrai-
28 jours… sans alcool. Chaque année, en planche à neige dans la poudreuse ment le besoin de prendre une journée
depuis 8 ans, c’est pareil : la Fondation Jean comme le 16 février dernier (mémorable !) ; de récupération. J’décide d’y aller quand
Lapointe incite les gens à participer à sa une ride époustouflante en fatbike avec même, -5 C - pas un nuage dans le ciel,
campagne de financement par le biais des chums rencontrés sur le « fly » ou une j’peux pas manquer ça. Verdict : excellente
de ce fameux défi qui se déroule au mois journée de travail éreintante, mais parti- énergie, bon tonus. J’dis « ah non » parce
de février. L’animateur s’entretenait avec culièrement fructueuse. Ça me gosse fina- que je sais que je n’arrêterai pas l’alcool,
quelqu’un qui ne voulait PAS le faire : lement de réprimer ce réflexe. Mais pour- mais là j’vas me sentir coupable quand j’en commence à croire la légende urbaine
« Tabarnac, on peut pu rien faire à cause de quoi donc j’ai besoin d’un verre pour prends. Eh oui ! Je réalise quatre bienfaits disant qu’il faut 28 jours pour créer (ou
la COVID, tout est interdit, on va toujours célébrer ? Pourquoi j’ai l’impression qu’il après 21 jours : meilleure récupération briser) une habitude. En fait la science parle
ben pas se priver de ça aussi ! On a besoin manque quelque chose si je n’en prends sportive, beaucoup moins de courbatures plutôt de plusieurs mois. En tous cas, je me
de se changer les idées. » Ah ! tiens, lui pas un ? au dos et aux hanches, grosse augmenta- promets bien de porter attention quand
c’est pour se changer les idées qu’il prend tion de la qualité du sommeil, réduction le défi sera fini : quand je suis sur un high
un verre. Au bout de 19 jours, après une période marquée de la perte des cheveux. Tous ces naturel, pourquoi pas juste en profiter
négative où je me disais que j’étais pas effets sont attribuables à mon abstinence. quand ça passe au lieu de l’engourdir
Et, moi pourquoi je prends un verre ? mal tannée de me priver, je réalise que Au cours de la dernière semaine, je tombe avec de l’alcool ? Si le défi m’aura permis de
J’devrais peut-être le faire le défi ? Ch’tu certaines choses m’apportent beaucoup sur un article indiquant que pour une me poser la question avant d’ouvrir la bou-
capable de le faire ? Bon on est mardi, hier de plaisir. Ça m’a frappé aussi simplement détox à 100 %, un mois et demi d’absti- teille de vin : « Est-ce que j’en ai vraiment
er
c’était le 1 février et comme je ne prends qu’en allumant mon feu de foyer un beau nence est requis. Je ne sais pas si la source envie ? » Ce sera déjà une belle améliora-
de l’alcool que la fin de semaine (tous les vendredi soir. C’est à l’heure de l’apéro de l’article est vraiment fiable, mais bon, tion. Je n’arrêterai pas l’alcool, je le sais.
jours de la fin de semaine en fait) j’déci- donc en temps normal, j’aurais craqué un coup rendu là, ça serait plate de ne J’apprécie un verre avec des amis et un bon
derai jeudi. Première constatation : je l’allumette et j’aurais vite été m’ouvrir une pas poursuivre encore deux semaines vin avec un bon repas, mais je veux briser
repousse la décision… pas fort mon affaire. bière, mais là je suis restée là à écouter le ne serait-ce que pour voir les bénéfices. l’automatisme d’en prendre systématique-
son du feu qui gronde dans l’âtre. Avec la Et c’est parti pour un autre deux semaines. ment toutes les fins de semaine. Il me reste
Pis là, ça me trotte dans la tête : j’ai pas neige qui tombait doucement dehors, ça Parmi mes trois amis qui m’accom- aussi à trouver l’équilibre qui me permettra
vraiment besoin de faire ça c’te défi-là, j’ai n’a pas manqué de raviver toutes sortes de pagnaient dans le défi, seulement une de conserver les bénéfices, mais je sais que
pas de problème de consommation, j’res- beaux souvenirs. personne continue. je peux les atteindre avec un arrêt de 21
pecte pas mal les limites d’éduc alcool… jours, bon à savoir.
habituellement. Bon j’vas demandé à mon L’alcool nous donne un high relativement Avant même la fin de la dernière semaine,
conjoint s’il veut le faire avec moi. Coudon, court (période euphorique) qui est vite je réalise que je n’appréhende pas le Et LE vrai défi, ce sera de trouver parmi nos
ch’tu en train de me trouver des excuses remplacé par un engourdissement des vendredi soir à réprimer mon réflexe de amis, certains qui voudront tenter l’expé-
pour pas le faire ? Eeeeeh, ça ressemble à sens et de la concentration (période séda- prendre un verre. En fait, ça ne fait pas un rience d’une soirée dry BBQ (après la
ça ! Bon OK, j’ai peut-être une légère accou- tive). Et comme la période euphorique est pli. Pire, je trouve qu’à la télé, en général, COVID). De mémoire, ce n’est jamais arrivé
tumance de fin de semaine, j’vas l’faire le due à la libération de dopamine, le neuro- c’est beaucoup trop omniprésent et ça qu’on reçoive des amis sans arroser la
défi, je verrai bien ce qui en est. transmetteur du plaisir, on est incité à m’énerve. Même dans District 31, ils boi- soirée. Nos conversations seraient sûre-
poursuivre la consommation et finalement vent de l’alcool au bureau. Ça beau être ment légèrement différentes et nos parties
La première semaine ç’a été assez facile. on se ramasse à perdre plusieurs heures après les heures de travail, me semble que de Carcassonne très certainement plus
Puis, ç’a commencé à être plus tough. Il y a dans la nébulosité cérébrale. c’est poussé un peu. Serais-je guérie ? Je compétitives ! Cheers!
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Ici Maintenant avril/mai 2021