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Paradoxal février : amour, froidure et tragi-comédie
Anny Schneider, autrice, herboriste et poétesse
Février, mois des pires froids, austérité et cartes de crédit à rembourser, L’amour commence par l’estime de soi,
Toutefois il reste quelques folies culturellement programmées, Et on ne peut pas donner ce que l’on a pas.
Pour compenser ces désagréments, Car : aimer c’est agir avec bienveillance chaque jour,
Dans l’équilibre des contraires, Ce n’est ni un choix économique, ni une façon d’éviter la solitude,
On se réchauffe et on se réjouit comme on peut. Sachant qu’au final on n’emporte rien,
. Plus on contrôle, plus on possède, plus on est captif,
Pour les chrétiens pratiquants encore aujourd’hui, Laissant des traces tangibles uniquement
C’était le début du carême et des jours maigres, Dans les cœurs et les mémoires des bien-aimés.
En concordance avec les sacrifices du Christ,
Comme si les plus malchanceux n’y goûtaient déjà pas assez ! Dans cette vie, si courte après tout,
Pour les nomades que nous fûmes un jour, Plus on vieillit, plus on est conscient de l’essentiel,
Comme nos prédécesseurs des Premières Nations, Ce qui compte, c’est d’évoluer et d’écouter son âme,
Février était souvent la fin des réserves des derniers grains et En utilisant au maximum les dons reçus,
racines d’automne, Choisissant des êtres proches qui contribuent à les faire rayonner,
Donc on se serrait la ceinture, De faire circuler la vie et l’amour du vivant manifesté à travers nous,
Confiants de voir surgir les premières herbes nutritives, Dans nos intentions, nos actes, nos paroles et nos gestes manifestés.
Des jours de chance et de chasse et de repas plus copieux.
Bref, février est un mois de tous les contrastes,
En Europe néanmoins, pointent dans les jardins les premiers perce-neiges, Mais il porte déjà en lui les germes d’un printemps doux et lumineux.
amandiers, mimosas et salades fraîches des vignes, Comme la chaleur et la lumière, l’espoir fait vivre et revivre :
Plus précoces encore avec le réchauffement climatique. Création, engagement sincère, passion amoureuse, politique ou poétique,
Partout dans le monde, de l’Allemagne aux Caraïbes, de Québec à l’île aux Grues, Nourrissez bien cette flamme en vous,
Pour le Carnaval, à la Mi-Carême, on ressuscite tous les démons possibles : Soyez qui vous êtes vraiment, ainsi vous ne regretterez rien !
Sorcières, trolls, gnomes et autres monstres, qu’on laisse se déchaîner,
Quitte à les incarner et se laisser posséder quelques jours ;
C’est la folie totale, un vrai défouloir qu’il faut avoir vécu au moins une fois dans sa vie,
Similaire à l’Halloween, en plus durable et en plus délirant ! Imaginez…
Je m’y suis commise plus d’une fois, déguisée en sorcière, évidemment,
Mais nous étions des milliers, alors c’est moins original, forcément !
Heureusement qu’ici on est plus civilisé et en février,
On célèbre surtout la fête de l’Amour avec sa bizarre histoire d’origine :
L’évêque Valentin qui aurait sauvé deux orphelines de la prostitution.
Mais l’amour a tant de visages et on est parfois loin de la romance,
Ce n’est pas parce qu’on n’a pas d’amoureux(se) qu’on n’est pas aimable :
Les cœurs rouges à paillettes du Dollarama, les mots mielleux,
Le chocolat au sirop de maïs OGM et à l’huile de palme,
Les chandelles en paraffine, les fleurs en plastique et le mousseux cheap,
Ce n’est pas ça qui fait qu’on est vraiment aimé.
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Ici Maintenant février/mars 2024