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Un métier d’exception


                  Par Renée Buonocore, collaboratrice

                  Récemment,  j’ai  fait  l’acquisition  d’un  terrain  magnifique  a à faire.   Il m’explique également que  j’ai eu un véritable cours sur les arbres,
                  comptant  de  nombreux  arbres  matures.  Plusieurs  de  ces  cette  essence  a  de  petites  branches  leur  personnalité  et  les  soins  à  leur
                  arbres  avaient  des  branches  cassées  ou  mortes,  j’ai  donc  cassantes  et  qu’il  en  perd  beaucoup  apporter.  C’est  tout  un  monde,  c’est
                  sollicité les services d’un arboriculteur ayant pignon sur rue,  au  vent.  Ce  n’est  pas  parce  qu’il  est  un véritable métier et c’est beaucoup
                  ici, à Bromont.                           malade.  Ça  va  juste  me  prendre  un                   plus que juste couper des branches.
                                                            bon râteau.                                               J’ai  bien  apprécié  l’intervention
                  À son arrivée, je m’attendais à une brève discussion se limi-                                       d’Alain,  il  connait  son  métier,  il  a  à
                  tant aux aspects pratiques : « Combien ça coûte pour couper  Plus loin, deux immenses érables nous  cœur de partager ses connaissances
                  les  branches  mortes ?  Dois-je  louer  une  nacelle ?  Certains  valent un WOW ! En effet, Alain nous  et ses conseils sont judicieux. Ils me
                  arbres doivent-ils être abattus, dans ce cas qui ramasse le  apprend qu’ils ont assurément plus de  serviront pour de nombreuses années
                  bois ?                                    200 ans ! L’envergure des branches est                    à venir. En ce qui me concerne, je ne
                                                            de  plus  de  30  mètres.  Ce  sont  des  érables  rouges  et  ils  regarderai  plus  jamais  mes  arbres  de  la  même  façon.
                  - Non  pas  besoin  de  nacelle,  On  porte  un  harnais,  on  rendent un hommage des plus flamboyants à l’automne. Le  Maintenant je les connais, je les admire et je les soigne !
                   s’encorde et on grimpe dans l’arbre.     tronc d’un des deux arbres s’est ouvert au fil des ans ce qui lui
                  - Avec des crampons ?                     donne l’apparence d’un bouquet de plusieurs branches. On  Biocime
                  - Non, pas de crampons, ça blesserait l’arbre. »    pourra l’haubaner pour éviter qu’il ne s’évase davantage et  Alain est fondateur et propriétaire de Biocime (www.bioci-
                                                            Alain nous recommande de protéger la cavité au centre du  me.com), une entreprise dédiée à l’arboriculture et la fores-
                  Quelle délicatesse. Je suis contente d’entendre ça. Ça me met  tronc pour éviter qu’il s’y forme de la glace l’hiver, ce qui  terie.  Il  est  originaire  du  canton  du  Valais  dans  les  Alpes
                  en confiance.                             pourrait lui infliger des fissures supplémentaires.    suisses d’où Il détient le brevet national en gestion forestière
                                                                                                       et  environnementale.  Alain  a  travaillé  pendant  20  ans  en
                                                            Finalement, on a un bouleau pleureur visiblement en fin de  Suisse avant d’émigrer au Québec et de s’installer à Bromont,
                                                            vie. Il n’en a plus pour très longtemps : un an, deux, peut-être ?  ville pour laquelle lui et sa conjointe ont eu un coup de cœur.
                                                            Alain nous fait remarquer qu’il fait avantageusement écran à  À  ma  question  à  savoir  si  la  Suisse  est  en  avance  sur  le
                                                            la  route.  On  décide  de  le  conserver,  après  tout,  il  n’a  pas  Québec en gestion forestière, j’apprends que la Suisse s’est
                                                            demandé l’aide médicale à mourir. Alain en élague la majeu-  dotée de sa première politique de gestion forestière au cours
                                                            re partie et réussit à lui donner une belle apparence malgré  du 19e siècle et que les coupes de bois autorisées annuelle-
                                                            tout. Il nous suggère de le remplacer éventuellement par un  ment dans ce pays n’excèdent pas le volume de bois qui est
                                                            saule pleureur mature de bonne taille pour ne pas créer un  généré par la croissance naturelle.
                                                            trop gros vide dans le paysage. Oui, ça se fait et ce n’est pas si
                                                            exorbitant.

                                                            Alain nous explique comment faire l’élagage des branches
                                                            inférieures d’une grande épinette : si on coupe en conservant
                                                            le bourrelet à la jonction de la branche et du tronc, la cicatri-
                                                            sation sera plus rapide. Aussi, il faut favoriser la taille de bas
                                                            en haut pour éviter d’effilocher la fin de la coupe et créer une
                  Eh bien non, la discussion ne s’est pas limitée à ça. En fait,  porte d’entrée à l’humidité. Alain nous donne une huile de
                  Alain – il s’appelle Alain - me parle de …. mes arbres. On en  première distillation de cèdre à appliquer sur les coupes en
                  observe  un  qui  est  préoccupant.  Il  a  plusieurs  branches  guise de désinfectant naturel. En effet, le cèdre est très résis-
                  sèches  en  position  périlleuse  au-dessus  de  la  route.  Alain  tant à la pourriture. Jadis, les quais étaient fabriqués en cèdre.
                  m’apprend  que  :  « C’est  un  érable  à  sucre,  certaines  des  Au  fait,  savez-vous  comment  différencier  un  sapin  d’une
                  branches ont été brisées par les vents, l’eau a pénétré dans la  épinette ? Moi je l’sais !!! Bon OK, si c’est impardonnable pour
                  cassure  et  la  pourriture  s’est  installée.  Il  est  important  de  un Laurentien de ne pas le savoir, ça l’est un peu moins pour
                  tailler les branches brisées avec une coupe à angle pour favo-  un Bromisquois.
                  riser l’évacuation de l’eau. Il faut aussi enlever l’écorce lâche
                  dans  les  zones  endommagées  (ce  qu’il  fait  sur-le-champ)
                  pour éviter la pénétration des insectes parasites, pour éva-
                  cuer l’humidité et pour faciliter le processus de cicatrisation
                  naturel de l’arbre.
                  - Mais c’est déjà l’automne, beaucoup de feuilles sont déjà
                   tombées, comment pouvez-vous distinguer les branches
                   saines des branches mortes ?
                  - Ne vous inquiétez pas, on a l’habitude, on voit celles qui                         Outre l’élagage, Biocime offre divers services dont l’optimi-
                   ont eu ou non des bourgeons au cours de la saison. »                                sation  de  l’implantation  des  bâtiments  en  milieu  boisé/
                                                                                                       accidenté, l’aménagement du terrain (les arbres à conserver,
                  Est-ce que j’aurais pu raisonner et observer ça toute seule ?                        enlever ou élaguer en fonction de la vue recherchée), la pro-
                  Pas sûr.  Diagnostic : oui, ça vaut la peine de le soigner et on  Conseils généraux  tection des arbres lors de travaux, la détection des maladies,
                  peut l’élaguer pour qu’il conserve une belle esthétique.     Je profite de ma rencontre avec Alain pour m’enquérir de ses  etc., toujours dans le plus grand respect de chaque essence
                                                            observations/conseils  en  ce  qui  a  trait  aux  terrains  boisés  d’arbre et de ses caractéristiques naturelles.
                  On se déplace vers un deuxième arbre en longeant une ran-  dans la région :
                  gée d’érables. Il y a beaucoup de repousses un peu partout  Les  gens  ont  tendance  à  trop  couper  d’arbres  par  crainte  Je ne fus qu’à moitié surprise d’apprendre qu’Alain est récem-
                  sur les troncs, ce qui donne un aspect négligé. Il n’y a pas de  qu’ils ne tombent sur la maison lors de tempêtes. En fait,  ment  devenu  directeur  général  des  amis  des  sentiers  de
                  problème à toutes les enlever, ça n’affectera pas les arbres et  c’est en déboisant trop qu’on permet aux vents d’avoir une  Bromont. Cette nomination me rassure grandement en tant
                  ils n’en seront que plus majestueux. Je pourrai me charger  emprise  sur  les  premières  rangées  d’arbres  et  qu’on  aug-  qu’utilisatrice  des  sentiers  et  très  préoccupée  par  la  con-
                  de ça. Alain, lui, se chargera de certaines branches qui font  mente les risques.    servation de nos espaces verts ici à Bromont. Il est clair que
                  pression sur les fils électriques.                                                   l’exploitation des sentiers se fera dans le respect de la forêt
                                                            En ce qui a trait aux maladies (ex. l’agrile du frêne), encore  environnante. Bravo, Bromont, pour cette judicieuse nomi-
                  Le deuxième arbre est un peuplier, sûrement âgé de plus de  là, on est rapide sur la gâchette : un arbre affecté n’est pas  nation !
                  50 ans. C’est un arbre à croissance rapide d’autant plus que  nécessairement  condamné ;  avant  de  l’abattre,  il  faut  le
                  sur le bord de l’étang, il a les pieds dans l’eau. L’arbre est sain,  laisser mettre en œuvre ses propres mécanismes de défense.  Avec  cette  nomination,  Biocime  a  beaucoup  moins  de
                  mais avec les années il a soulevé la dalle de béton du hangar.  Le fait de couper les arbres affectés n’entravera pas la propa-  disponibilité pour aider les particuliers comme moi, mais il
                  Alain m’explique qu’avec la façon dont cet arbre propage ses  gation du parasite dans la forêt.  orchestrera tout de même des interventions, par le biais d’un
                  racines, le problème ne s’aggravera pas. Super ! On va donc                          réseau de sous-traitants qu’il s’est adjoints, au fil des ans, et
                  condamner une partie de la dalle et laisser l’arbre faire ce qu’il  Au final, je suis enchantée du résultat de l’élagage et, en plus,  qui travaillent selon les mêmes valeurs.



























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               Ici Maintenant février/mars 2021
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